ManagementLa théorie des organisationsLes apports de l'école sociotechnique à la théorie des organisations

Les apports de l’école sociotechnique à la théorie des organisations

L’école sociotechnique repose sur les recherches effectuées par Eric. A Trist & K.W Bamforth, Frederick Emery, A.K Rice au Tavistock Institute of Human Relations (aujourd’hui Tavistock Institute). Ces 3 auteurs ont étudié les impacts des changements technologiques sur l’organisation du travail dans les entreprises.

Observations de l’école sociotechnique à partir de l’exemple d’une mine

Prenant le cas d’une mine à titre d’exemple et d’expérience, les auteurs relèvent qu’avant la mécanisation des mines, le travail des mineurs se basait sur des équipes artisanales, avec une tâche complète à réaliser. Ces équipes autonomes connaissaient une forte cohésion et un comportement responsable et homogène.

La mécanisation de cette mine entraîna une première modification de l’organisation du travail. Elle introduisit sept qualifications différentes, cinq méthodes de rétribution, quatre types d’organisation des groupes de travail, et une dépendance de chacun par rapport au travail des autres.

Une nouvelle organisation du travail des mineurs fut alors mise en place. On répartit librement les quarante hommes de l’équipe dans trois groupes différents, et chaque groupe définit lui-même la répartition du travail entre ses différents membres. Les résultats obtenus furent excellents : meilleur moral, diminution des retards et de l’absentéisme…

Eric A. Trist développa ainsi l’idée que l’organisation du groupe de travail ne dépend ni de la seule technologie, ni des seuls comportements individuels, mais des deux à la fois; c’est donc un système sociotechnique.

Quels dysfonctionnements du tayloro-fordisme selon l’école sociotechnique ?

Les auteurs ont constaté de nombreux dysfonctionnements confirmant que l’introduction de l’OST provoquaient des incidences à la fois psychologiques et sociologiques sur les ouvriers et leur moral et rejaillissaient indirectement sur la productivité de l’entreprise.

Concernant le cas particulier de l’autonomie, les ouvriers qualifiés, de métier, apprécient de travailler en totale liberté à partir du moment où on leur fait confiance. La mutation de l’ouvrier qualifié en ouvrier spécialisé lui retire son autonomie et sa confiance. De là provient un climat de méfiance des uns par rapport aux autres, générateur de tensions et de conflits.

Les auteurs relèvent que la notion de liberté, même pour un exécutant, est importante. Dans leur étude de la mine, l’autonomie a davantage de place dans la seconde réorganisation. Cette plus grande autonomie a permis le retour de la confiance et amélioré le moral des travailleurs. L’organisation en activité parcellaire, décomposée, cloisonnée, et rigide crée de très nombreux dysfonctionnements. Les équipes étaient moins souples et il y avait moins de collectif et de solidarité. L’absence de responsabilisation détruit l’autonomie car il n’y a pas de reconnaissance, de confiance, de socialisation, de réponses aux besoins sociaux des salariés.

Les préconisations des auteurs

Selon les auteurs, les problèmes de gestion doivent être analyser au travers d’un diagnostic multidisciplinaire. La première discipline est l’aspect social : il faut analyser les hommes et leur expérience et apporter de l’attention aux travailleurs. La seconde discipline est la technique : il faut savoir si l’homme peut s’adapter à la vitesse de la machine. Voilà pourquoi on parle de l’école sociotechnique.

Il s’agit de voir s’il existe une cohérence entre les dispositifs techniques (machines, processus de fabrication), la définition des emplois des uns et des autres (définition des tâches, des zones de responsabilité) et les normes du groupes (problèmes affectifs, solidarité, amitié, justice de la rétribution, motivation individuelle). Les normes du groupe sont psychosociales. La cohérence doit donc se faire dans le dispositif technique, dans les définitions d’emploi et dans les normes du groupe. Il faut tenir compte de l’aspect sociologique et psychologique pour définir les normes sociotechniques et donc ne pas séparer le social du technique.

Les comportements et les relations entre individus doivent être pris en compte. L’école sociotechnique a d’ailleurs été fortement influencée par l’école des relations humaines et confirme d’ailleurs l’approche des relations humaines.