Selon le dernier Baromètre de la commande publique publié par l’AdCF (Assemblée des communautés de France) et la Banque des territoires, le volume des achats publics a progressé de 43 % au premier semestre 2021 par rapport à la même période de 2020. Ce rebond notable fait suite à une année particulièrement difficile et rappelle – et même surpasse – les niveaux de 2019, année charnière pour la commande publique.
2021 : année de reprise tonique pour les marchés publics
En 2020, le début de la crise sanitaire, les confinements et le contexte de renouvellement électoral local avaient lourdement pénalisé la commande publique : elle avait alors subi une perte de 16 milliards d’euros par rapport aux volumes d’achat de 2019 (-18 %).
Un « effet rebond » était logiquement attendu cette année. Déjà, l’AdCF avait dévoilé des chiffres encourageants au premier trimestre 2021 concernant les volumes d’achats : +26 % par rapport au premier trimestre 2020. La tendance se confirme sur l’ensemble du premier semestre avec un volume d’achats en hausse de 43 % par rapport à la même période 2020, et même en hausse de 6 % par rapport au premier semestre 2019 ! Atteignant 47,71 milliards d’euros sur les six premiers mois de l’année, la commande publique se situe désormais à des niveaux supérieurs à ceux d’avant la crise, retrouvant ceux de 2012 et 2013.
Une combinaison de facteurs en faveur des investissements locaux
Selon l’AdCF, différents facteurs peuvent expliquer ce rebond :
- Un effet de rattrapage de la commande publique, restée en pause pendant toute la période des élections municipales (du 15 mars au 28 juin) et se libérant progressivement depuis ;
- Le lancement des investissements de début de mandat pour les nouvelles équipes municipales et intercommunales ;
- L’effet d’impulsion du plan France relance, prévoyant par exemple 10,5 milliards d’euros d’aides à destination des collectivités locales, ou encore la majoration de 950 millions d’euros de la DSIL (dotation de soutien à l’investissement local). Des mesures exceptionnelles complémentaires ont également été mises en place dans le but d’assouplir les procédures de marchés publics, comme le relèvement des seuils des marchés publics simplifiant ainsi les procédures tant pour les acheteurs que pour les entreprises.
En tant que premiers impactés mais aussi premiers bénéficiaires des mesures gouvernementales, les collectivités locales se positionnent comme les véritables moteurs de la relance.
L’influence des communes et des intercommunalités
C’est du côté des collectivités locales, et plus particulièrement des communes, que la baisse a été la plus marquée : leurs achats ont chuté de 31 % en 2020. Or, au niveau national, la commande publique locale représente chaque année plus de la moitié des achats publics (55 %).
Justement, au premier semestre 2021, les investissements des communes (+58 %) et des intercommunalités (+53 %) ont bondi, avec notamment la mise en place des projets portés par les nouveaux élus (tendance classique de début de mandat) conjuguée à la passation de nouveaux marchés de prestations et de services d’une part et au lancement ou à la poursuite des travaux publics d’autre part.
Les achats publics en faveur du bâtiment
Avec un volume d’achats de 18,5 milliards d’euros en 2020, le secteur des travaux reste la première destination de la commande publique. Dès le début de l’année 2021, l’AdCF a pu constater « une forte reprise des activités de travaux partout en France, notamment de la part des communes en matière de bâtiment ». Plus précisément, au premier trimestre 2021, ce sont les travaux de rénovation qui contribuent en grande partie à la relance avec un volume d’achats de 7,37 Md€ contre 4,93 Md€ en 2020 et 7,09 Md€ en 2019 sur la même période.
Du côté des services : en forte progression ces dernières années, passant ainsi de 28 % en 2012 à 41 % en 2020 en termes de poids dans la commande publique, les marchés de services ont pesé 7,1 Md€ au premier trimestre 2021.
En parallèle, les secteurs des transports, de la voirie, de l’environnement, du secteur scolaire et petite enfance enregistrent les plus fortes progressions en termes de volumes d’achats dans les premiers mois de l’année 2021.
Quelles perspectives pour la commande publique ?
Pour Antoine Martin du portail France Marchés, spécialiste de l’appel d’offre public : « la commande publique reprend bel et bien des couleurs ! Cette tendance devrait vraisemblablement se poursuivre au second semestre 2021, portée par une dynamique favorable à la croissance ».
Seulement, pour éviter une « relance brune » dans un contexte d’urgence climatique et écologique, la commande publique va tout de même devoir faire sa révolution copernicienne en intégrant davantage les enjeux environnementaux, notamment la clause verte, en vertu de la loi du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique. L’environnement devra ainsi être pris en compte dans les spécifications techniques (en tant qu’objectif), dans les critères d’attribution et dans les conditions d’exécution. Un nouveau défi pour la commande publique et les enquêtes publiques, publiées sur Notre Territoire, pour le bien commun.