L’efficience informationnelle d’un marché financier caractérise la mesure avec laquelle le prix de ce marché reflète l’information pertinente disponible. Sur un tel marché, le prix intègre donc instantanément toutes les conséquences des évènements passés et reflète toutes les anticipations sur les évènements futurs. On parle alors de marché à l’équilibre ou de marché parfait. Le cours d’un titre est une bonne estimation de sa valeur intrinsèque.
NB : Le titre n’est pas forcément à sa juste valeur. L’évaluation du marché n’est pas forcément juste s’il est efficient.
Il est impossible de prévoir les variations futures d’un titre. Le prix actuel intègre déjà toutes les informations connues ou anticipées. Seule une nouvelle information peut modifier la valeur d’un titre. Comme l’apparition d’une nouvelle information est imprévisible, les variations de prix sont aléatoires. On parle alors de « marche au hasard » des taux de rentabilité.
La concurrence est telle entre les investisseurs financiers que l’ajustement du prix d’un titre à une nouvelle information est quasi instantané. A un instant t, la cote d’un titre dépend donc de sa rentabilité et de son risque.
Eugène Fama (qui a notamment développé le modèle Fama-French avec Kenneth French), dans sa thèse sur l’hypothèse des marchés efficients (publiée en 1970 dans le Journal of Finance), a défini trois formes d’efficience informationnelle selon le type d’information incorporée dans les cours.
Forme faible : Incorporation des cours passés
La forme faible de l’efficience informationnelle suppose qu’on ne peut utiliser les cours précédents pour prévoir l’évolution des prix futurs. Elle suppose que les variations successives de cours soient aléatoires et fonction de nouvelles informations imprévisibles. La « marche au hasard » des taux de rentabilité signifie qu’entre deux dates, le cours évolue de façon indépendante de son évolution lors de la période précédente. Il n’est donc pas possible de prévoir les rentabilités futures. Les prix observés reflètent toute l’information que l’on peut tirer de l’étude des cours passés.
Une telle approche remet en cause la pertinence des analyses techniques en matière de gestion de portefeuilles qu’il s’agisse de techniques graphiques (analyse chartiste) ou de modèles mettant en relation divers paramètres (puisqu’elle ne permet aucune possibilité de prévisions).
Forme semi-forte : Incorporation de l’information publique
La forme semi-forte de l’efficience informationnelle suppose que les cours intègrent immédiatement toutes les informations publiques disponibles (rapport annuel, communiqués, articles de presse, prospectus).
Cette hypothèse peut être vérifiée empiriquement par l’étude des réactions des cours à l’apparition d’informations nouvelles : annonce d’une fusion, chiffre d’affaires supérieur aux attentes, dividende en hausse, nomination d’un nouveau dirigeant, signature d’un nouveau contrat… Le prix réagit immédiatement à l’annonce d’une information significative, il s’ajuste. Aucun effet n’est visible avant ou après.
Pour éviter que les investisseurs ayant un accès plus rapide à l’information utilisent cet avantage au détriment des autres investisseurs, les autorités boursières imposent généralement une suspension de cours avant l’annonce, en cours de séance, d’une information sur le cours. Ce délai permet à l’information de se diffuser. Une fois ce délai expiré, la cotation reprend sans qu’aucun investisseur n’ait pu abuser de la situation.
Forme forte : Incorporation de l’information privée ou privilégiée
La forme forte de l’efficience informationnelle suppose que les cours intègrent toutes les informations, y compris les informations privilégiées (non encore publiques). Lorsque l’information devient publique, le cours reste stable car il a déjà intégré l’information concernée.
Cette hypothèse semble peu probable. Il est peu envisageable que la connaissance d’informations privilégiées ne laisse pas à son détenteur des opportunités de profit.
Plus récemment, Eugène Fama a reformulé en 1991 cette forme d’efficience informationnelle dans sa revue de littérature du Journal of Finance. Il considère que la forme est forte lorsque des investisseurs possédant une information privilégiée (ou un monopole sur certaines informations) sont incapables d’avoir une influence sur le prix des titres. Ce qui vrai si les organismes de surveillance des marchés peuvent empêcher et réprimer les délits d’initiés. En France, cette mission est assurée par l’AMF (Autorité des Marchés Financiers), aux Etats-Unis, par la SEC (Securities & Exchange Commission).
Une autre façon d’envisager la forme forte de l’efficience informationnelle est de considérer que les investisseurs ne sont pas en mesure de réaliser des profits sur la base d’informations privées.
En résumé, les formes :
- Faible suppose l’impossibilité de prévoir les variations futures à partir des variations passées (« marche au hasard »)
- Semi-forte suppose l’incorporation rapide de toute information nouvelle dans les cours
- Forte suppose l’impossibilité de réaliser des profits sur la base d’informations privées
Les études réalisées tendent à démontrer que la plupart des marchés présentent une efficience informationnelle de forme faible voire semi-forte.
On observera qu’un marché est d’autant plus efficient que :
- L’accès à l’information est libre et peu onéreux
- Les coûts de transaction sont faibles
- Le marché est liquide (Selon Keynes, la liquidité est la possibilité de vendre ou d’acheter très rapidement une grande quantité de titres sans modification de valeur par rapport au dernier cours coté)