L’euphorie des Jeux Olympiques de Paris 2024 peut se poursuivre. En effet, la France vient de décrocher, encore une fois, une médaille d’or dans ses deux disciplines fétiches : la dépense publique (particulièrement le déficit budgétaire) et l’imposition toutes catégories.
Avec un déficit public atteignant la modique somme de 155 milliards d’euros en 2023 (5,5 % du PIB tout de même), la multi médaillée ne semble pas prête à lâcher de sitôt. Prouvant, une fois de plus, sa capacité à creuser des trous toujours plus profonds dans ses finances.
Si la mascotte de la France est un coq, d’un point de vue financier, la cigale serait assurément plus à propos. En effet, la Gaule réfractaire ne l’est pas à la dépense publique.
Déficit budgétaire et dette : L’art de creuser toujours plus profond
Première discipline : le déficit budgétaire. Il faut en effet disposer de fondamentaux solides pour prétendre à la première place. Année après année, gouvernement après gouvernement, nous parvenons à maintenir ce déséquilibre entre dépenses excessives et recettes insuffisantes. La question n’est même plus « serons-nous en excédent ou en déficit cette année ? » mais « de combien le déficit sera-t-il cette année ? ».
Pour cela, nous pouvons compter sur l’ingéniosité sans limite de nos décideurs politiques pour trouver de nouvelles façons de prélever et in fine et, « en même temps », de nouvelles façons de dépenser le nouvel argent obtenu (et plus si affinité). Il est vrai que, si le Louvre peut rivaliser face au British Museum, si Bizet a pu l’emporter face à Wagner pour Nietzsche, la créativité française en matière de fiscalité et de dépense ne connait aucune concurrence sérieuse. Cocorico !
Le déficit budgétaire, notre sport national
Baissons les impôts ? D’accord, mais uniquement si on en crée de nouveaux ! Réduisons les dépenses ? D’accord, mais augmentons tout de même le budget. Quel admirable tour de force, de quoi laisser nos partenaires européens stupéfaits devant autant d’audace budgétaire.
La France vit une idylle quasi romantique avec son déficit toujours plus important quand de l’autre côté les lits d’hôpitaux ferment, les professeurs manquent, les résultats PISA sombrent, les impôts explosent et les remboursements de la Sécurité Sociale ne cessent de se réduire comme peau de chagrin, laissant toujours plus de place aux complémentaires santé. Tout cela alors qu’avoir une vision comptable devient une anathème.
Le budget de la France ressemble à cette caricature si souvent décrite du budget d’un service gangrené par la bureaucratie où les tenants des cordons de la bourse cherchent à la vider par tous les moyens en fin d’année pour éviter de voir leur précieux budget réduit l’année suivante. Mais que serait ce budget sans sa fille, la dette ?
La dette, fille aînée du déficit
Parlons un peu de notre si chère dette publique, cette fidèle compagne qui ne cesse de grandir au fil des ans. Avec plus de 3 000 milliards d’euros au compteur, nul ne peut lui contester le titre de membre à part entière de la famille France. Certains pays pourraient s’inquiéter d’une telle situation, préférons donc nous en enorgueillir ! Peut-être que la dette est comme le bon vin et qu’elle se bonifie avec le temps, allez savoir…
Car après tout, pourquoi s’embêter à rembourser cette dette quand nous pouvons simplement la laisser vieillir tranquillement ? Après tout, ce n’est pas comme si les générations futures auraient besoin de cet argent pour faire face aux défis du futur, n’est-ce pas ? La dette publique française est comme un trou noir financier : elle attire toujours plus de dépenses, engloutissant joyeusement les milliards d’euros que nous lui jetons. Et si les trous noirs mènent à des univers parallèles, peut-être qu’un jour, nous traverserons ce gouffre budgétaire pour émerger dans un monde où l’argent pousse sur les arbres !
Les agences de notation, ces rabat-joie
Ce monde idyllique est malheureusement gâché par la présence des agences de notations et des instances internationales. Ces rabat-joie s’obstinent à nous rabâcher qu’il faut faire des efforts. Quel manque d’imagination ! On ne peut que déplorer l’absence de reconnaissance pour la nouvelle forme de finance moderne où les chiffres précédés d’un signe moins sont des signes de « gestion responsable » ! Leur acharnement à nous attribuer des notes médiocres n’est qu’une preuve supplémentaire de leur jalousie à notre encontre. Jalousie de ne pas contribuer, elles aussi, à notre génie budgétaire.
En effet, ne devraient-elles pas nous plutôt nous féliciter pour notre créativité en matière de gestion économique ? N’est-ce pas un exploit digne d’éloges que de réussir à maintenir un train de vie aussi luxueux avec des poches désespérément vides ? Après tout, en tant que fille aînée prodigue de l’Eglise, la France parvient à multiplier les dépenses tout en faisant disparaître les milliards d’autre part. Quel miracle !
En fin de compte, ces agences et instances internationales ne sont que des rabat-joie qui ne comprennent rien à notre art national du déficit. Alors continuons à jongler avec nos finances comme si rien ne pouvait nous arrêter. Et que le cirque continue !