Ah, la Seine, ce ruban argenté qui traverse Paris. Paris, Ville Lumière, berceau de l’amour, de l’art et… de la pollution ? Eh oui, chers lecteurs, à moins d’un mois des Jeux Olympiques de Paris, notre bonne vieille Seine semble être dans un pétrin plus collant qu’une baguette laissée trop longtemps sous la pluie.
Avec un budget de 1,4 milliard d’euros pour qu’on la débarrasse de ses déchets et bactéries en tout genre, on aurait pu s’attendre à ce que la Seine scintille comme le front d’un mime en plein été. Hélas, il semblerait que nous soyons loin du compte comme l’évoque si bien la fable de « La Seine et les JO de Paris » :
En la cité des lys, aux flots d’argent,
Coulait la Seine, d’amour et d’art berçant.
Mais, pour les Jeux, Paris s’éveille,
Il faut que l’onde soit sans pareille.
Un milliard d’écus y fut versé,
Pour nettoyer l’eau, ses maux chasser.
Las ! à l’approche du grand tournois,
L’onde reste trouble, et sale à tout bois.Nageurs du monde, prêts à plonger,
Trouvez en Seine péril à songer.
L’eau obscure, de déchets enserrée,
Pourra leurs corps en mal doter.
La mairie de Paris, dame Hidalgo,
Pour rendre l’onde pure, dévoue ses maux.
Mais peu de billets vendus, hélas,
Les Gaulois procrastinent, le doute est tenace.Le gouvernement, en aide vient,
Mais suffira-t-il pour ce chemin ?
La devise de Paris nous rappelle,
« Fluctuat nec mergitur », cri éternel.
Peut-être, en fin, la Seine claire sera,
Pour les Jeux, en beauté se parera.
Et si l’échec nous guette, en fin,
Un croissant chaud, douce fin.La Seine et les JO, Anonyme
À moins d’un mois de l’évènement, la Seine n’est toujours pas prête
En effet, les dernières nouvelles ne sont pas très rafraîchissantes. La qualité de l’eau de la Seine risque de la disqualifier pour accueillir les épreuves de natation prévues pour les Jeux.
Imaginez un peu : des nageurs de classe mondiale, prêts à faire le plongeon d’une vie dans l’inconnu, non pas à cause de l’excitation de la compétition, mais parce qu’ils ne peuvent littéralement pas voir à travers l’eau et qu’ils risquent un aller simple vers l’hôpital le plus proche.
Et que dire de la cérémonie d’ouverture ? Des athlètes et des officiels flottant sur la Seine dans près de 200 bateaux comme autant d’arches de Noé au milieu des surmulots… Espérons que ces bateaux soient équipés de filtres à particules !
Fluctuat nec mergitur
Mais ne perdons pas espoir ! La devise de Paris n’est-elle pas Fluctuat nec mergitur (il flotte mais ne sombre pas) ? On peut encore s’attendre à un retournement de situation aussi dramatique qu’un feuilleton de l’après-midi. La maire de Paris, Anne Hidalgo, est une fervente partisane de la baignade dans la Seine. Et elle ne ménage pas les efforts en cours pour rendre cela possible.
Du côté du gouvernement, c’est une rallonge de 33 millions qui sera bientôt octroyée (aux Jeux Paralympiques). Une décision notamment due au « faible nombre de billets vendus ». Mi-mai, la billetterie n’avait vendu que 930 000 billets (sur un total de 2 800 000). Sans doute à cause de la procrastination intrinsèque aux Gaulois réfractaires.
Mais peut-être assisterons-nous à un miracle de dernière minute lorsqu’Anne Hidalgo, telle le roi Midas, touchera la Seine pour la métamorphoser en un long fleuve tranquille (et, surtout, propre)…
Une séquence mémorable
Alors, quelle scène nous offrira la Seine ? Un ballet aquatique de nageurs et de surmulots ? Une parade de bateaux naviguant à travers un labyrinthe de déchets flottants et d’épaves de Vélib ? Ou peut-être, juste peut-être, une eau claire et accueillante. De quoi prouver au monde entier que même les fleuves les plus pollués peuvent avoir leur moment de gloire et qu’impossible n’est pas français.
Quoiqu’il arrive, ces JO de Paris promettent d’être un événement inoubliable, pour le meilleur ou pour le pire. Et si tout échoue, eh bien, nous aurons toujours les croissants.