back to top
Relations professionnellesDevenir un bon manager en comprenant les mécanismes de la procrastination

Devenir un bon manager en comprenant les mécanismes de la procrastination

Olivier Roland est entrepreneur depuis l’âge de 19 ans, blogueur, Youtubeur, archéologue amateur, plongeur, pilote d’avion, globe-trotter et conférencier international, parmi ses nombreuses casquettes.
Olivier Roland est entrepreneur depuis l’âge de 19 ans, blogueur, Youtubeur, archéologue amateur, plongeur, pilote d’avion, globe-trotter et conférencier international, parmi ses nombreuses casquettes.

Ah !!! Procrastination quand tu nous tiens… Nous sommes en effet, très nombreux à nous en être déjà rendu coupables d’avoir cédé à ce mal. Dans le débat du dernier siècle autour des questions de productivité et de réussite professionnelle, la procrastination est un monstre qui nous sépare de nos rêves. 

Et si je vous disais que la procrastination s’accompagne de son lot d’avantages. Eh oui, selon nombres de scientifiques, il y a des bénéfices à être un procrastinateur. 

De quoi est-il précisément question ? Pourquoi les êtres humains procrastinent-ils ? Quels sont les bienfaits de la procrastination ?

Découvrez dans cet article, la face cachée de la procrastination.

La procrastination vous empêche-t-elle vraiment de réussir ?

La définition et surtout la perception de la procrastination ont été définies à la faveur d’un consensus social depuis fort longtemps. Du moins, on s’entend tous sur le fait que la procrastination est un facteur de contre-productivité qui mène à l’inefficacité et l’échec n’est-ce pas ?

En règle générale, la procrastination est souvent associée à un caractère oisif, traduisant un manque d’engagement et/ou de professionnalisme. En tant que procrastinateur, il est donc tout à fait normal de ressentir de la culpabilité ou un pincement au cœur lorsqu’on compare ses accomplissements à ceux de connaissances qui sont de véritables machines à exécuter.

Dans une société consumériste qui exalte l’hyper concurrence, on a malheureusement tendance à ramener la valeur d’une personne à sa capacité à faire plus que les autres, à être le N°1.

Mais contrairement à cette idée reçue dominante, la procrastination est un problème qui est moins polarisé qu’on ne le décrit. Avant d’aller plus loin, il est primordial de retenir que la procrastination ne définit en rien la qualité de la personne que vous êtes. 

Bien entendu, avec une fiche de lecture uniquement basée sur la création de richesse ou l’efficacité sur une To-Do list, ces personnes obtiendront plus de points que vous. 

Mais il s’agit là, d’une simple lecture ponctuelle qui ne détermine en rien la suite que vous déciderez de donner aux évènements ; votre capacité de production dans le futur. De plus, une enquête de Odaxa parue dans le Figaro (1) a révélé que 85% des Français indiquent être concernés par la procrastination. C’est au niveau de la façon de gérer cette procrastination que se fait toute la différence. D’ailleurs, soyez assurés du fait que vous donnerez une toute nouvelle tournure aux évènements après avoir découvert le secret de la procrastination à la fin de cet article. 

Pour vraiment comprendre, visionner le secret étonnant qu’Olivier Roland révèle dans cette vidéo.

Pourquoi procrastinons-nous ?

Pensez-y un instant… Vous savez très bien faire la différence entre ce qui est bon pour vous et ce qui ne l’est pas, n’est-ce pas ? Vous êtes parfaitement capable d’identifier le type de comportement qui pourrait nuire à vos intérêts. Mais alors, pour quelle raison choisiriez-vous d’agir contre vos propres intérêts ? La procrastination recèle des mystères bien plus profonds.

Lorsque l’on parle de procrastination, certains pensent qu’il s’agit d’une mauvaise gestion du temps, d’une incapacité à organiser et à hiérarchiser les tâches, ce qui signifie que l’on s’y prend à la dernière minute, voire au-delà de la date limite.

Pourtant, de plus en plus de recherches montrent que la procrastination est en fait une réaction complexe, souvent inadaptée à divers facteurs de stress perçus.

Une étude a montré que la procrastination est positivement liée à la vulnérabilité psychologique (2). D’autres recherches ont souligné que les personnes qui ont tendance à repousser les tâches jusqu’au dernier moment peuvent avoir une plus faible estime d’elles-mêmes que leurs pairs (3).

Par ailleurs, Fuschia Sirois, docteur en sciences à l’université de Sheffield au Royaume-Uni, a également constaté que les personnes qui procrastinent ont tendance à avoir des niveaux de stress plus élevés et des niveaux d’auto compassion plus faibles (4).

Les faibles niveaux d’auto-compassion chez les procrastinateurs chroniques […] indiquent que le fait de se traiter durement, avec des reproches, des critiques et un manque général de gentillesse et d’acceptation après l’échec des actions prévues peut contribuer au stress associé à la procrastination et compromettre davantage le bien-être et, potentiellement, la santé physique.

Procrastination and Stress: Exploring the Role of Self-compassion, Self and Identity,
Fuschia Sirois

En d’autres termes, la procrastination est révélatrice d’un problème sous-jacent bien plus profond. Un message du subconscient pour attirer votre attention sur un ou plusieurs éléments qui ne vont pas.

L’entre deux saisons

Voici une petite expérience de pensée qui devrait vous permettre de changer de perspective sur la question de la procrastination.

Nous avons tous des activités favorites ; des choses que l’on pourrait faire ou des projets dont on pourrait discuter des heures durant sans même remarquer le temps qui passe. Lorsque vous pensez à ce type d’activité, êtes-vous prit par les mêmes sentiments de lassitude ou de désabusement que ceux qui entourent les tâches que vous procrastinez ? 

La plupart du temps, ce que l’on ressent à la perspective d’une activité favorite, c’est de l’excitation. A juste titre puisque cela vous procure du plaisir et du bonheur quand bien même la tâche serait pénible.

La procrastination dans le cas d’espèce traduit donc un problème de conviction. Vous n’arrivez plus à entrevoir le bien fondé ou l’intérêt pour vous de ces tâches particulières.

A partir de ce moment, il est important de vous poser un moment pour faire une petite introspection.

De quoi est-il précisément question ? Pourquoi les êtres humains procrastinent-ils ? Quels sont les bienfaits de la procrastination ?
Pourquoi les êtres humains procrastinent-ils ? Quels sont les bienfaits de la procrastination ?

Le travail qui est le vôtre aujourd’hui et au niveau duquel vous procrastinez énormément, quelle est son histoire ? Comment votre carrière professionnelle a-t-elle débuté ? Quel était votre objectif, votre rêve, votre aspiration à la base ? Où en êtes-vous aujourd’hui ?

En vérité, la perspective de gagner de l’argent au début peut insidieusement se substituer à la passion ou l’amour de ce que l’on fait. Vous pensez aimer un boulot génial sur papier, mais en réalité vous avez accepté le poste parce qu’il était bien rémunéré. 

En état de nécessité ou peut être parce que la rémunération était alléchante, vous avez accepté ce poste. Ensuite il y a eu les factures à payer, un style de vie à financer, etc. Vous voilà désormais pris au piège d’un engrenage de type métro-boulot-dodo où votre travail n’a plus grand intérêt, excepté celui de mettre du pain sur la table au quotidien et de payer les factures à la fin du mois.

Dans ce cas, il est temps pour vous de redéfinir votre base. Dans la mesure du possible, il faut tout faire pour poursuivre ce rêve. Et la première étape pour y arriver sera d’apprendre à vous débarrasser des vos systèmes de pensée limitante. Certes, la vie est bien souvent loin d’être un trajet en ligne droite où tout se passe comme prévu. Mais les contraintes et les difficultés qui parsèment un chemin sont les éléments qui donnent du sens et de la valeur au combat.

Ensuite, il faudra changer la perception que vous avez de votre occupation actuelle. Si tant est que vous en êtes arrivés à la conclusion que ce travail (quoique très bien rémunéré) n’est pas ce à quoi vous aspirez, il n’en demeure pas moins très utile. 

Pensez-y un instant. En quoi est-ce que ce travail vous rapproche de votre objectif ? Tisser des relations, mettre suffisamment d’argent de côté pour lancer votre propre entreprise, financer une formation dans un domaine qui vous passionne…

Si vous arrivez à faire le lien d’utilité entre ce travail pour lequel vous n’éprouvez pas d’enthousiasme et ce projet que vous êtes impatient de réaliser, vous serez moins susceptible de procrastiner. Du moins, vous résisterez mieux à l’envie de le faire. 

Je procrastine alors même que j’adore mon travail

La description de la procrastination susmentionnée sous-entend un scénario dans lequel l’on n’est pas véritablement passionné par son travail.

Mais même avec le job de rêve, il est possible de procrastiner. Force est de reconnaître que la pénibilité est l’une des caractéristiques du travail. Quel que soit le niveau auquel l’on se situe, il y a presque toujours des tâches qui relèvent de notre responsabilité et que l’on n’est pas particulièrement pressé d’accomplir.

La comptabilité et la paperasserie administrative passionnent rarement les entrepreneurs. Autre exemple, alors même qu’on est particulièrement heureux d’avoir fondé une famille, les tâches ménagères sont peu motivantes.

Mais aussi insignifiantes, fastidieuses ou minimes que ces tâches puissent paraître, laissez-les s’entasser et vous finirez certainement dans une situation d’incapacité fonctionnelle.

La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des solutions pratiques pour régler ce problème.

Apprendre à déléguer

Le travail acharné n’est pas forcément la meilleure manière d’être productif. Tout l’art de la productivité réside dans votre capacité à organiser vos tâches de façon à obtenir les meilleurs résultats. Ceci étant, vous n’êtes pas tenu de tout faire personnellement. 

N’hésitez pas à confier les tâches qui vous rebutent à des personnes qualifiées. C’est la solution la plus efficace pour résoudre le problème. Par ailleurs, cela vous permettra de dégager du temps libre à consacrer à des activités moins pénibles. Mais que faire avec les tâches impossibles à déléguer ?

Retrouver le chemin vers les fondamentaux

Pour une raison ou une autre, il existe des tâches que vous ne pouvez tout simplement pas vous permettre de déléguer. Ici, il vous faudra faire preuve de détermination. Mais vous devez surtout identifier à nouveau la nécessité des tâches concernées. 

  • Quel est l’utilité de cette tâche pour le bon déroulement de votre quotidien ?
  • En quoi cela vous rapproche-t-il de votre objectif ? 

Procédez ensuite à l’identification des avantages associés à l’accomplissement de cette tâche. Veillez à tous les identifier ; même les plus anodins.

Certaines réponses vous paraîtront banales, mais il est absolument important que vous les intégriez au plus profond de votre esprit. Et pour ce faire, vous devez les répéter jusqu’à ce que la bonne exécution de la tâche concernée devienne indissociable de votre objectif. 

Et si malgré tout cela vous n’y arrivez toujours pas, faites simplement une liste objective des inconvénients que vous risquez à ne pas réaliser cette tâche. Le rapport bénéfice/inconvénient devrait vous aider à passer à l’action.

Une vertu en matière de créativité ?

Le psychologue Adam Grant, de l’université de Pennsylvanie à Philadelphie, affirme que les personnes qui « remettent à plus tard » la réalisation d’une tâche (faisant ainsi preuve d’une procrastination modérée) sont souvent capables de trouver des idées plus originales sur la manière de résoudre cette tâche que les personnes qui s’attellent immédiatement à leur travail.

Grant présente cet argument dans le livre Originals : How Non-conformists Change the World :

La procrastination est un vice en matière de productivité, mais elle peut être une vertu en matière de créativité.

Originals : How Non-conformists change the World, Grant

Ce point de vue semble trouver un certain soutien dans les études existantes qui indiquent une corrélation entre la créativité et le fait de « remettre les choses à plus tard ».

Selon le chercheur, le lien entre la procrastination modérée et l’originalité existe probablement parce que lorsque nous remettons activement une tâche à plus tard, notre préoccupation pour la tâche elle-même ne disparaît pas. Au contraire, le travail en suspens « tourne en arrière-plan » dans notre cerveau, ce qui nous donne le temps de trouver des solutions innovantes et mettre en place des bonnes habitudes.

Pour aller plus loin, découvrez ces 6 techniques infaillibles pour remplacer une mauvaise habitude par une bonne.

Sources : 

  1. Procrastination: 85% des Français sont concernés par ce fléau – lefigaro
  2. The Relationship of Procrastination and Self-efficacy with Psychological Vulnerability in Students, Procedia – Social and Behavioral Sciences, Volume 114, 2014, Pages 858-862.
  3. Hajloo N. Relationships between self-efficacy, self-esteem and procrastination in undergraduate psychology students. Iran J Psychiatry Behav Sci. 2014 Fall;8(3):42-9. PMID: 25780374; PMCID: PMC4359724.
  4. Fuschia M. Sirois (2014) Procrastination and Stress: Exploring the Role of Self-compassion, Self and Identity, 13:2, 128-145, DOI: 10.1080/15298868.2013.763404