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EconomieEmploi et chômageAssurance-chômage et déficit public, la paille et la poutre !

Assurance-chômage et déficit public, la paille et la poutre !

C’est la paille et la poutre ! C’est ce qu’on a envie de répondre lorsqu’on évoque l’assurance-chômage qui connaît un excédent de 3,4 milliards d’euros. Au-delà de l’expression évangélique, en quoi cet exemple illustre-t-il la difficulté de trouver des fonds pour un État dont la dette publique a dérapé de près de 150 milliards en 2023 ?

Assurance-chômage : que montrent les chiffres ?

L’assurance-chômage en France permet à tout salarié privé involontairement de son emploi (salarié) de pouvoir bénéficier d’une indemnité le temps qu’il retrouve un emploi. Quel en est le bilan financier ?

Les chiffres de l’Assurance-chômage

Nous énumèrerons d’abord les recettes puis les dépenses de ce régime avant d’en dresser un rapide bilan.

Les recettes

En 2022, le budget de l’Assurance-chômage a pu bénéficier de 43 milliards de « contributions principales et autres financements ». Ces contributions, représentant 4,05% du salaire brut (2,4% pour les cas particuliers des intermittents du spectacle et certains salariés expatriés), sont récupérées par les employeurs et reversés par le truchement de l’URSSAF.

Il est à noter que l’Assurance-chômage est, comme son nom l’indique, une assurance. En effet, cette assurance n’est réservée qu’aux seuls salariés du privé. Les travailleurs indépendants et les chefs d’entreprise, eux, ne peuvent en bénéficier car ils ne cotisent pas.

Un autre point important : les cotisations d’assurance-chômage sont exclusivement patronales. De ce fait, les salariés eux-mêmes ne sont pas directement impactés par les cotisations du régime.

Néanmoins, elles viennent, bien sûr, renchérir le coût du travail en France et, par conséquent, si ces cotisations n’existaient pas, les salariés pourraient, peut-être, percevoir davantage si tel était le choix des employeurs.

Les dépenses

Selon les chiffres de France Travail (ex-Pôle Emploi), ce sont 2 879 600 personnes qui sont indemnisées au titre du chômage au 3ème trimestre 2023.

Selon l’Unédic, les dépenses de l’Assurance-chômage sont de 4 natures différentes :

  • 32 milliards d’euros : Allocations chômage et aides au reclassement
  • 2,2 milliards d’euros : Points de retraite complémentaire des demandeurs d’emploi
  • 3,9 milliards d’euros : Financement de France Travail (ex-Pôle Emploi) à hauteur de 11% des recettes
  • 200 millions d’euros : Financement pour un tiers des dépenses d’activité partielle

Nota : Les chiffres indiqués correspondent aux dépenses 2022.

Source : Comment fonctionne le financement de l’assurance-chômage, Unédic

Résultat : un excédent de 3,4 milliards d’euros

Mathématiquement, l’Unédic a dégagé un excédent de 3,4 milliards d’euros en 2022. Et visiblement, c’est parti pour durer puisque l’institution prévoit un excédent de 1,6 milliard de solde financier positif en 2023 et même 11,2 milliards en 2023 !

Selon Jean-Eudes Tesson, Président de l’Unédic :

Ce qu’il faut retenir, c’est que la trajectoire financière du régime est positive, mais avec un solde inférieur à la dernière prévision. C’est en partie lié à la conjoncture économique, mais surtout aux prélèvements de l’État qui amputent notre capacité à rembourser notre dette.

Unédic.org, Jean-Eudes Tesson, Président de l’Unédic

Les « prélèvements de l’État » correspondent à des « moindres compensations des exonérations de cotisations pour l’Assurance-chômage de 2023 à 2026 […]. Ces prélèvements sur les recettes contraignent l’Unédic à recourir à l’emprunt sur les marchés financiers pour rembourser ses échéances.

Ce qui se traduit comme suit :

Source : Unédic, prévisions Unédic de février 2024
Source : Unédic, prévisions Unédic de février 2024

La paille de l’Assurance-chômage et la poutre de la dette publique

La parabole de la paille et la poutre

Cette expression nous vient de l’Évangile selon Luc :

« Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? Comment peux-tu dire à ton frère : “Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil”, alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. »

Évangile selon St Luc, 41-45

Au-delà de l’aspect théologique (nous le laisserons ici de côté), cette parabole décrit une situation d’hypocrisie. Une personne propose à une autre de lui retirer une paille alors qu’elle-même a une poutre dans son œil : elle n’est donc pas vraiment la mieux placée pour lui proposer son aide.

Quand l’État joue à l’ophtalmologue

Muni de ces informations, on comprend mal (et c’est un euphémisme) que l’État vienne chercher des poux dans la tête de l’Assurance-chômage.

Il est ubuesque que cet organisme, piloté par les partenaires sociaux, se voit reprocher sa gestion, très saine comme l’indiquent les chiffres et les prévisions, par l’État… Et on comprend encore moins l’urgence d’y chercher des économies pour financer la dette, à moins que l’objectif soit de peser encore davantage sur les travailleurs ?

En effet, les versements des prestations sociales ne cessent de se dégrader comme en témoignent l’augmentation des franchises sur les médicaments (+100% au 31 mars 2024) ou le recours au privé pour financer le système social français, aujourd’hui indispensable alors qu’il était inenvisageable à l’origine…

En effet, il est sidérant de voir un État obèse détenteur de plus de 3 100 milliards d’euros de dettes (soit près de 111% du PIB !) s’immiscer dans un système géré par le privé qui dégage un excédent de plus d’un milliard…

Jalousie, quand tu nous tiens…

SourceUnédic
Jean-Eudes SANSON
Jean-Eudes SANSONhttps://www.droit-compta-gestion.fr/
Fondateur de DCG.media, un site web dédié au droit, à la comptabilité et à la gestion, et titulaire du DSCG (Diplôme Supérieur de Comptabilité & de Gestion), je suis passionné par le numérique et l'analyse des données. En tant qu'Associé au sein d'un groupe de presse indépendant, j'ai pu, activement et avec polyvalence, contribuer à l'entreprise en assumant les fonctions financières et techniques, que ce soit au travers de la gestion au quotidien de sociétés qu'à travers la création des différents sites internet. Parallèlement à mon engagement professionnel, j'ai fondé DCG.media pendant mes études. Ce site internet est né de ma conviction que la meilleure manière d'apprendre est d'enseigner, ainsi que de ma passion pour le numérique et l'éducation. Aujourd'hui, je fusionne l'expertise acquise au sein de l'entreprise avec mes compétences en analyse de données dans le but de transmettre ces connaissances et compétences.