La théorie des organisationsDe la sociologie du travail à la sociologie des organisationsLes sources du pouvoir dans l'organisation, par Erhard Friedberg

Les sources du pouvoir dans l’organisation, par Erhard Friedberg

Erhard Friedberg, né en 1942, a travaillé sous l’influence de Michel Crozier sur la théorie des organisations. Sociologue d’origine autrichienne, il a fait l’essentiel de sa carrière en France au CNRS (en tant que chercheur) et à Sciences Po (en tant que professeur de sociologie). Il appartient à l’école française de sociologie des organisations. Ses apports concernent notamment les sources du pouvoir dans l’organisation.

La nature relationnelle du pouvoir

Selon Erhard Friedberg, le pouvoir n’est pas spécifique à un individu, mais il est l’expression d’une interaction entre deux ou plusieurs acteurs. L’exercice du pouvoir n’apparaît que dans le cadre d’un échange, d’une coopération, d’une réciprocité. En effet, une relation n’est pas toujours équilibrée : les protagonistes peuvent se trouver dans des situations asymétriques (non égales), ce qui fait que la relation profitera davantage à l’un qu’à l’autre. Le pouvoir est réflexif (si A est en relation avec B, alors B est en relation avec A) et peut être transitif (si A a du pouvoir sur B et que B a du pouvoir sur C, la relation entre A et C dépend de l’alchimie entre les deux, sans que la relation soit nécessairement hiérarchique).

Les sources du pouvoir dans l’organisation

Les sources du pouvoir selon Max Weber

Les analyses de Michel Crozier et Erhard Friedberg s’appuient sur la théorie du pouvoir développée par Max Weber. Selon Weber, le fondement de toute autorité repose sur la nature particulière de sa légitimité : traditionnelle, charismatique ou rationnelle légale. Michel Crozier et Erhard Friedberg rajoutent qu’il y a un phénomène dynamique des jeux de pouvoirs : chaque participant et collaborateur va s’appuyer sur des sources de pouvoir mises à sa disposition pour développer sa stratégie.

L’expertise professionnelle – La compétence spécifique

L’individu a une compétence spécifique qu’il utilise pour s’affirmer dans l’entreprise. Son pouvoir lui provient de sa position d’expert. Toutefois, une trop grande spécialisation ou expertise peut provoquer un manque de recul. D’autre part, cette trop grande spécialisation ne résout qu’un petit nombre de problèmes. Enfin, un expert dans un certain champ peut manquer de fiabilité dans des questions générales.

Le marginal sécant

Le marginal sécant est un professionnel qui a un rôle d’intermédiaire entre différents mondes, interne et externe. Il est au front office (par opposition au back office). Le pouvoir tient à sa position de charnière entre deux mondes (par exemple, le commercial a des relations entre l’entreprise et ses clients). On peut coupler cette source de pouvoir avec une expertise professionnelle.

La maîtrise de la communication

Ce n’est pas l’information qui donne du pouvoir, mais c’est l’art de la rhétorique, l’art de la communication. Une maîtrise de la communication peut donner du pouvoir.

La connaissance des règles (codifiées et non-codifiées)

La connaissance des rouages de l’entreprise (règles officielles : statuts, normes en vigueur, etc et règles non-officielles : pratiques non formalisées, culture de l’entreprise, etc) permet d’avoir un comportement adapté. La connaissance du fonctionnement de l’entreprise permet donc à l’individu de développer son pouvoir.