Trois siècles de RévolutionsDe l'après-guerre à la crise de 1929La crise de 1929 : Causes, incidences et interprétations

La crise de 1929 : Causes, incidences et interprétations

Causes et incidences de la crise

La croissance a des effets pervers. En effet, la demande a tendance à augmenter de manière artificielle à cause de la publicité, qui incite les individus à acheter, et du crédit, très développé. Les individus achètent à crédit pour des besoins qui ont été créés et non pour des besoins réels. La demande est donc artificielle : ce n’est pas une demande réelle.

Il existe une incohérence entre la croissance de la production et l’indice des cours boursiers : l’indice boursier progresse de 300% alors que la production augmente de 50%. Il y a une séparation entre la sphère réelle et la sphère financière.

Si la sphère financière se déconnecte de la sphère réelle, certains acheteurs constatent une incohérence et vendent alors leurs titres.

 

Compte tenu de la déconnexion entre la sphère réelle et de la sphère monétaire, on constate une chute du rendement des actions (rapport entre le bénéfice distribué et la valeur du titre). En effet, la valeur du titre est très élevée, mais le bénéfice est faible. En juin 1929 a lieu un mouvement de panique lié à la publication des chiffres des résultats des entreprises automobiles. Les spéculateurs commencent à vendre leur titre, d’où un processus cumulatif d’une baisse des achats (ou l’augmentation des ventes) provocant la baisse des cours. 5 millions de titres sont vendus en l’espace d’une seule journée. L’indice financier recule de 24 points d’un coup (alors qu’il ne faisait qu’augmenter de 3 à 4 points). En septembre 1929, la banque d’Angleterre relève le taux d’escompte (taux d’intérêt). Beaucoup de capitaux fuient massivement des États-Unis vers la Grande-Bretagne. Les cours boursiers américains redeviennent très instables. En octobre 1929, la série noire commence. Le 24 octobre, c’est le Black Thursday (jeudi noir). 13 millions de titres sont proposés à la vente, face à une demande presque nulle. Le montant habituel des transactions est passé de 400 millions en moyenne par jour à 13 millions. Le vendredi et le samedi sont plus calmes, grâce à la Banque Centrale qui intervient. Quelques titres sont achetés par les banques pour assurer la sécurisation du marché. Le lundi, 9 millions de titres sont vendus et l’indice boursier chute de 50 points. Les banques décident de ne pas intervenir, d’où le mardi noir où 16 millions de titres sont offerts à la vente. Le titre chute de 40 points. Cette chute ne s’arrête pas jusqu’en 1933. Persuadés qu’il ne faut pas intervenir, les gouvernements attendent pendant 4 ans. La crise boursière se diffuse à l’ensemble de l’économie américaine. Elle va au-delà des frontières des États-Unis et touche tous les pays, sauf l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (U.R.S.S) car le marché n’a aucun pouvoir.

Concernant le commerce international, on constate une réduction des importations américaines et une réduction globale des débouchés (car les Européens ne peuvent plus vendre aux Américains). Cela entraîne un cercle vicieux car les Européens appliquent des mesures de rétorsion. Les échanges mondiaux chutent ainsi d’un quart en volume et de 60% en valeur (dû à la chute des prix des produits échangés). Le commerce international diffuse la crise à l’ensemble de l’économie mondiale. Les États tentent de se protéger via des mesures protectionnistes. Chacun se renferme. Le canal financier a eu un impact essentiel pour les Allemands et les Autrichiens car ces économies ont été relancées par les capitaux américains. Les Américains rapatrient leurs capitaux, ce qui fragilise ces pays.

Les banques allemandes et notamment l’État allemand bloquent les capitaux pour éviter un effondrement du système, mais quelques capitaux parviennent à s’échapper. Ils sont dirigés vers Londres et, dans une moindre mesure, Paris. La France connaît une relative stabilité à cette période. L’imbrication des systèmes financiers a fortement aidé à la diffusion de la crise.

Les interprétations de la crise de 1929

Il existe plusieurs interprétations de la crise de 1929. Selon les marxistes, c’est la non-intervention de l’État et l’application de la théorie libérale qui ont conduit à la crise. Pour les libéraux, la crise de 1929 est un accident. Ils refusent l’intervention de l’État qui nuit à l’efficacité des mécanismes du marché. La période était sous influence libérale, tout comme le gouvernement (de Hoover) qui ne voulait pas intervenir. Selon les antilibéraux, l’État devait intervenir seulement de 1929 à 1932, les libéraux refusent l’intervention étatique.

Toujours selon les marxistes, l’exploitation des travailleurs par les capitalistes avec comme objectif d’augmenter ses profits est irresponsable car il n’offre pas à ses travailleurs de quoi pouvoir consommer en masse. Ces travailleurs doivent alors consommer à crédit, d’où la crise. Les entrepreneurs engrangent des profits maximums qu’ils replacent, non pas dans l’entreprise, mais en Bourse. Les capitalistes sont donc en train d’affaiblir leurs propres entreprises car ils n’investissent pas dans la modernisation et dans le renouvellement (croissance du P.I.B : 50%, croissance de l’indice boursier : 300%). De plus, la baisse tendancielle du taux de profit justifie la crise : les profits ne pouvant plus être obtenus dans l’économie réelle, ils sont recherchés dans l’économie financière.

Entre octobre et novembre 1929, le Dow Jones a perdu près de 150 points passant de 350 à 200 points environ.
Entre octobre et novembre 1929, le Dow Jones a perdu près de 150 points passant de 350 à 200 points environ.

L’économie réelle n’arrive pas à suivre l’économie financière. Cette économie réelle déséquilibre les marchés. On arrive à une sous-consommation car le commerce international s’arrête et la consommation locale ne peut absorber la production locale. Le fordisme qui avait conduit à la production de masse entretient la surproduction et alimente la sous-consommation. Une autre interprétation de la crise de 1929 est le trop grand nombre de crédits accordés, d’où une inflation monétaire et une consommation artificielle permettant une illusion monétaire. La baisse du taux d’escompte (accordée pour aider la City de Londres) accélère le phénomène d’inflation.

Une autre interprétation de la crise de 1929 considère que ce sont les années folles qui auraient entrainé la crise. La folie des spéculations, des profits et des désirs effrénés, la volonté d’avoir toujours plus de croissance a conduit les Américains et les Européens à avoir des comportements irrationnels. Cette volonté de progrès et de profit à tout prix a masqué l’évaluation de la production. Ceci a conduit à de fortes inégalités et des problèmes sur les normes de consommation trop tournées vers l’électroménager, les produits de luxe, les automobiles, etc. En somme, les individus ont vécu au-dessus de leurs moyens, d’où une crise lorsque le nuage s’est dissipé.