Trois siècles de RévolutionsDe l'après-guerre à la crise de 1929Les politiques étatiques interventionnistes des années 1930

Les politiques étatiques interventionnistes des années 1930

Dans les années 1930 et dans tous les pays, les États interviennent en masse à travers leurs différentes politiques. Aux États-Unis, la politique du New Deal est mise en place par Franklin Roosevelt.

La politique du New Deal de Franklin Roosevelt aux États-Unis

Franklin Roosevelt met en place le premier New Deal en 1933 via des mesures qui visent l’agriculture. Pour pouvoir réguler les marchés, l’État tente de réguler les prix. Pour ce faire, il rembourse la dette de certains agriculteurs ou renégocie une dette, ce qui a pour effet de rassurer le milieu bancaire (car l’État se porte garant). Cela facilite la remontée des cours des produits en restaurant la confiance. Pour ce faire, l’État crée une situation de pseudo-pénurie en quantifiant la production (introduction de quotas, etc). Le marché ne connaît pas de remontée des prix, mais ils arrêtent de diminuer.

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La politique du New Deal est mise en place aux Etats-Unis par Franklin Delano Roosevelt.

Le New Deal vise également à relancer la production industrielle en instaurant de nouvelles règles dans le jeu concurrentiel pour enrayer la chute des prix industriels. Ainsi, les industriels se réunissent en association pour réguler la production et fixer les prix en établissant un prix minimum. 96% des entreprises américaines adhèrent à ces associations.

Dans le volet social, on note la création d’un salaire minimum et la réduction de la durée du travail. Ces mesures ne seront toutefois réalisées que lors du Second New Deal. Ce sont les prémices de la négociation salariale. Le point le plus important est la Tennessee Valley Authority (politique de grands travaux). La politique de la T.V.A vise à mettre en valeur une région en construisant des barrages et des routes, en électrifiant les campagnes et on compte sur le principe du multiplicateur keynésien pour que la richesse locale augmente. Cette politique a beaucoup de succès, tant et si bien qu’elle est appliquée dans d’autres États tels que le Mississippi (amélioration des voies navigables, etc) ou l’Ohio.

Vis-à-vis du système bancaire, d’importantes mesures sont prises. Les banques sont aidées pour éviter les faillites des banques via un système d’assurance et un encadrement du milieu bancaire.

Pour le système boursier, on tente de sécuriser les marchés boursiers pour éviter les spéculations et on crée la S.E.C (Security Exchange Commission), structure chargée de surveiller les transactions boursières (Commission des Opérations Boursières ou C.O.B en France).

Le premier New Deal a causé beaucoup de discussions dans le milieu politique et financier, d’où des résultats un peu décevants, ce malgré un grand succès populaire.

Le second New Deal en 1934 a un volet social très développé. Il touche directement aux conditions de travail des salariés en instaurant un salaire minimum de 20 cent de l’heure, la semaine de 40 heures, l’interdiction de la discrimination salariale financière à qualification égale. Des mesures sont également prises par rapport à la représentation des salariés (syndicats nationaux, abolition des listes noires listant les meneurs de grèves, etc). En 1935, la Social Security Act est créée (création de la Sécurité Sociale). C’est un système d’assurance pour le chômage et pour la vieillesse. La mentalité américaine subit un réel changement : s’il y a des chômeurs, c’est un problème de société et non un problème individuel.

Les grands travaux continuent et redoublent d’intensité. Plus de 122 000 bâtiments publics sont construits, tout comme 1 000 000 kilomètres de routes, 285 aéroports construits et achevés, 420 000 ponts. Le multiplicateur keynésien est donc très sollicité.

Le Front Populaire en France

La France constitue un cas particulier. Les solutions à la crise arrivent plus tardivement, en 1936 avec Léon Blum et le Front populaire. Le Front Populaire inverse les priorités en commençant par une politique sociale : réduction du temps de travail de 48 à 40 heures (officiellement : réellement appliquées en 1947), journée de 8 heures, 6 jours de travail par semaine (repos dominical officiel), 15 jours de congés payés par an (le temps de loisir est rémunéré)… On pense que l’augmentation du temps de loisir est bénéfique à la croissance et à l’emploi car la réduction du temps de travail permet d’embaucher plus de salariés. Ces salariés vont augmenter la demande globale, donc alimenter la consommation qui permet d’absorber la surproduction. On envisage la semaine de 5 jours, plus loin donc que ce que prévoyait le Front Populaire. Le Front Populaire a eu le mérite d’accorder plus de temps de repos aux salariés, d’où un impact positif sur la consommation. L’intervention de l’État couvre les carences de l’investissement privé : il se produit alors un effet d’éviction (l’État investit à la place des entreprises). En France, l’État embauche massivement dans les chemins de fer, les services postaux, etc, ce qui permet de distribuer plus de salaires.

On peut donc parler d’un succès des politiques keynésiennes, malgré quelques difficultés.