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EconomieLa monnaieHistorique du Quantitative Easing (QE)

Historique du Quantitative Easing (QE)

Quel a été l’historique du Quantitative Easing de sa première utilisation jusqu’à nos jours ? Le Quantitative Easing (QE) ou assouplissement quantitatif, est une politique monétaire non conventionnelle, c’est-à-dire exceptionnelle. En effet, cette politique consiste à réguler les marchés financiers directement par la banque centrale.

Historique de l’utilisation du Quantitative Easing

Un début historique du Quantitative Easing au Japon

Une situation catastrophique : la crise asiatique des années 1990

C’est au Japon que la Bank of Japan, la Banque Centrale japonaise, l’utilise pour la première fois dans l’Histoire, en 2001. Qu’est-ce qui justifie un tel usage ? Selon un compte-rendu de visite du Sénat publié en 1999 :

Entre 1990 et 1997, la perte d’actifs boursiers et immobiliers subie par les agents économiques japonais est estimée à environ 1 000 trillions de yens, soit 9 000 milliards de dollars, correspondant à plus de deux ans de PNB japonais.

Compte-rendu de visite du Sénat, 1999

Selon ce même compte-rendu, la situation s’aggrave :

Nippon Housing Loan et avec elle toutes les sociétés de crédit à l’immobilier (appelées jusen en japonais) font faillite, et le contribuable japonais est mis pour la première fois à contribution à hauteur de 6 milliards de dollars pour financer leur liquidation. Sur la même période, la banque Hyogo puis deux sociétés de crédit à la consommation (Cosmo Credit et Kizu Credit) font faillite à leur tour. La banque Daiwa annonce une perte de 1,1 milliard de dollars liée à des spéculations frauduleuses d’un seul de ses traders sur le marché obligataire américain.

Compte-rendu de visite du Sénat, 1999

La déflation s’installe au Japon, la Banque Centrale innove avec une politique historique de Quantitative and Qualitative Easing (QQE)

Face à cette situation catastrophique, l’économie japonaise fait face à une grave crise de confiance. Les prix dévissent et la déflation s’installe. La Banque Centrale du Japon, constate l’impuissance des politiques monétaires traditionnelles (c’est-à-dire l’utilisation des taux directeurs comme moyen de régulation). Elle décide de ce fait de ramener son taux d’intérêt à 0% et de mener une politique de quantitative and qualitative easing (QQE). Cette politique consiste, pour la partie quantitative en de larges achats d’actifs. Ce sont ainsi 400 milliards de yens par mois en mars 2001, puis 1 200 milliards de yens par mois d’octobre 2002 à juillet 2006 qu’elle déverse dans l’économie japonaise.

Le taux d’intérêt des obligations japonaises chute. Il franchit la barre symbolique des 0%, le taux à 30 ans passant sous les 1% mi-2000.

Concernant la partie qualitative, c’est-à-dire sans montant fixé, la Bank of Japan achète également des titres de dette privée à court terme et des actions. Elle élargit également le champ des actifs éligibles comme garantie dans les opérations de refinancement pour les banques.

Une utilisation massive depuis 2008

La crise financière de 2008 amène les banques centrales à innover

Le Quantitative Easing s’impose comme un nouvel outil à disposition des banques centrales. A la suite de la faillite de la banque d’investissement américaine Lehman Brothers, la Federal Reserve (plus communément appelée « la Fed ») est la première à dégainer le Quantitative Easing en novembre 2008. La Bank of England (Banque Centrale d’Angleterre) la seconde en 2009. En 2010, c’est au tour des Japonais de réutiliser le Quantitative Easing.

La crise des dettes souveraines européennes oblige la BCE à sortir des sentiers battus

La même année, la BCE (Banque Centrale Européenne) lance le Securities Markets Programme (SMP) pour soutenir les dettes souveraines européennes face à la défiance présente sur les marchés. En effet, les tensions surgissent sur les marchés de la dette souveraine, surtout vis-à-vis de la dette grecque.

« Super Mario », whatever it takes…

L’été 2012, la tension est à son comble. Mario Draghi, président de la BCE, lance en précurseur le quoi qu’il en coûte. C’est le fameux « whatever it takes » (prêt à faire tout ce qu’il faut) pour sauver l’euro.

L’ancêtre du « quoi qu’il en coûte » Lors de la même intervention, l’annonce d’un programme d’achat illimité (OMT, Outright Monetary Transactions) détend l’atmosphère planant sur les marchés financiers. Ce programme autorise le Système Européen des Banques Centrales (SEBC) à acquérir sur les marchés secondaires des obligations souveraines d’États membres de la zone euro dès lors que certaines conditions sont réunies. Par la suite, la mise en œuvre de ce programme n’aura pas lieu, la situation ne l’exigeant plus. Mais Mario Draghi a réussi son coup, la sphère économique se réjouit du sauvetage de l’euro par « Super Mario« .

De 2015 à 2018, la BCE récidive avec l’Asset Purchase Programme (APP) pour contrer la crise financière qui sévit. Les taux d’intérêt des dettes souveraines baissent, devenant même négatifs pour certains pays, du jamais vu en Europe. Ces taux d’intérêt négatifs encouragent les États à emprunter massivement. En parallèle, les déficits explosent et les dettes bondissent. C’est alors que survient la crise sanitaire de 2020.

La crise sanitaire de la Covid-19, last but not least épisode du Quantitative Easing ?

En 2020, la crise de la Covid-19 frappe durement toutes les économies. Partout sur la planète, des plans d’urgence d’une intensité jamais égalée auparavant sont activés. Ceci afin de contrer la menace d’une implosion financière. Dans ce contexte, partout dans le monde, les banques centrales n’hésitent plus à mettre en place de vastes programme de Quantitative Easing. Même les pays émergents s’y mettent. En mars 2020, la BCE lance le PEPP (Pandemic Emergency Purchase Programme, programme d’achats d’urgence face à la pandémie). Ce programme a pour but de limiter les répercussions sur l’économie de la zone euro. La dotation de ce programme est de 1 850 000 millions d’euros en décembre 2020. In fine, ce sont 1 688 865 millions d’euros que la BCE déverse sur l’économie.

Les plans de soutien aux économies se multiplient partout dans le monde, symbolisés en France par la formule présidentielle « quoiqu’il en coûte ». Martelée 3 fois au long de « l’adresse aux Français » du Président de la République, sa meilleure illustration est le large recours aux Prêts Garantis par l’État (PGE).

Le Gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires pour porter assistance, pour prendre en charge les malades, pour sauver des vies quoi qu’il en coûte. […] Tout sera mis en œuvre pour protéger nos salariés et pour protéger nos entreprises quoi qu’il en coûte, là aussi. […] L’ensemble des gouvernements européens doit prendre les décisions de soutien de l’activité puis de relance quoi qu’il en coûte.

Adresse aux Français, discours télévisé présidentiel du 12 mars 2020

Ces prêts consistent en un prêt d’un montant égal à 25% du CA réalisé en 2019 (2 ans de masse salariale pour les entreprises créées depuis le 1er janvier 2019). L’État garantit ces prêts à hauteur de 90% du capital, intérêts et accessoires dûs. Les banques françaises jouent massivement le jeu. Ce sont 660 000 entreprises qui en bénéficient pour un montant de 137 milliards d’euros pour un montant moyen de 207 575 €.