La comptabilité par activité, communément appelée méthode ABC (Activity Based Costing), a vu le jour dans les années 1980. Elle est née d’une remise en question de la méthode des coûts complets par Robert Kaplan et Robin Cooper. En effet, celle-ci a tendance à souvent surestimer les coûts des produits fabriqués en grande quantité et, inversement, à sous-estimer les coûts des produits fabriqués en petite quantité. Les chercheurs ont donc développé la méthode ABC pour permettre une répartition plus précise des coûts indirects.
Historique de la méthode ABC
Une remise en cause de la méthode des coûts complets
L’histoire de la méthode ABC remonte aux années 1960. Des chercheurs commencent à remettre en question la pertinence de la méthode des coûts complets pour les entreprises modernes.
Cette méthode a effectivement montré ses limites, en particulier pour les entreprises qui fabriquent des produits personnalisés, de haute technologie ou en petite quantité.
Les chercheurs américains Robert Kaplan et Robin Cooper publient en 1987 une étude préliminaire de la méthode ABC, intitulée How Cost Accounting Distorts Product Costs.
Cette étude jette les bases de la méthode ABC. Les auteurs identifient les limites de la méthode de calcul des coûts complets par les centres d’analyse. Ils proposent une nouvelle approche théorique basée sur la mesure des activités.
L’émergence de la méthode ABC
Kaplan et Cooper publient le texte fondateur de la méthode ABC intitulé Cost & Effect: Using Integrated Cost Systems to Drive Profitability and Performance, publié par la Harvard Business Review en 1988. Grâce à cet ouvrage, le grand public prend peu à peu connaissance de cette nouvelle méthode.
Au cours des années 1990, la méthode ABC devient de plus en plus populaire auprès des entreprises. C’est particulièrement le cas de celles qui fabriquent des produits personnalisés ou de haute technologie. Les entreprises commencent à réaliser les avantages de la méthode ABC.
En effet, celle-ci permet de mieux comprendre la structure des coûts indirects et de réduire les coûts en éliminant les activités non essentielles.
La méthode ABC a également connu des utilisations dans d’autres secteurs, tels que la gestion des services, la santé, l’éducation et la logistique. Elle a permis de mieux comprendre les coûts associés à ces secteurs et d’optimiser la gestion des ressources.
La méthode ABC : une méthode en 5 étapes
La méthode ABC se décompose en cinq étapes clés :
- La définition des activités
- L’identification des coûts des activités
- La définition de l’inducteur de coût propre à chaque activité
- Le regroupement des charges relevant du même inducteur
- Le calcul et l’imputation des coûts aux produits
À la base de la méthode ABC : la définition des activités
La première étape consiste à identifier toutes les activités nécessaires à la réalisation d’un produit ou service.
On les classe ensuite en fonction de leur niveau de pertinence pour la production d’un produit ou service.
Les activités primaires participent directement à la production d’un produit ou service. Les autres activités sont des activités de support. Elles sont nécessaires pour soutenir les activités primaires, mais ne sont pas directement liées à la production.
La définition des activités permet d’identifier les activités non essentielles, redondantes ou bien inefficaces. Dès lors, elle facilite le passage à l’acte pour s’en passer et réduire les coûts.
Par exemple, pour la production d’un produit, il pourrait y avoir des activités telles que la conception, la fabrication, la planification de la production, l’inspection de la qualité, le stockage, etc.
Attribution des coûts aux activités
La deuxième étape consiste à affecter les coûts de chaque activité.
Pour identifier les coûts indirects liés à chaque activité, la méthode ABC utilise une approche plus précise que la méthode des coûts complets. Elle analyse la façon dont chaque activité consomme les ressources de l’entreprise.
Ces ressources peuvent être le temps, l’espace ou bien encore les équipements. Cela permet de déterminer les coûts indirects associés.
Cette étape permet d’obtenir un total de charges et un total de temps par activité, qui constituent les ressources de fonctionnement de l’activité.
Prenons par exemple une société qui produit des meubles. Pour l’activité « achat de matières premières », les charges peuvent inclure notamment :
- Le coût des matières premières
- Le salaire des employés affectés à cette tâche
- Les frais de transport
Pour l’activité « découpe du bois », les charges peuvent inclure notamment :
- Le coût des machines
- Le salaire des employés affectés à cette tâche
- L’entretien des machines
Définition de l’inducteur de coût propre à chaque activité
Les inducteurs de coûts dans la méthode ABC sont des facteurs qui causent ou bien influencent les coûts des activités.
Voici quelques exemples d’inducteurs de coûts fréquemment utilisés lors de l’application de la méthode ABC :
- Le nombre de commandes : Plus le nombre de commandes est important, plus les frais d’administration, de traitement et de suivi de chaque commande augmentent. Cet inducteur s’emploie par exemple pour un service expédition.
- Le temps de machine : Les coûts de la maintenance et de la réparation des machines augmentent avec le temps d’utilisation. Ainsi, le temps de machine est l’inducteur de coûts privilégié des entreprises utilisant des machines.
- Le temps de main d’œuvre directe (MOD) : Par symétrie avec le temps de machine, les heures passées par la main d’œuvre sont un inducteur de coût fréquemment utilisé dans un contexte industriel.
- Le nombre d’inspections : Les inspections des produits nécessitent des ressources humaines et matérielles. Ce peut être un bon inducteur de coût pour un service qualité.
- Le nombre de réclamations clients : Les réclamations clients nécessitent souvent des efforts de recherche, de traitement et de correction. Ainsi, le nombre de réclamations clients est un inducteur de coûts judicieux pour un service qualité ou un service clients.
Attribution des coûts aux produits
L’attribution des coûts se fait en regroupant les charges des différentes activités utilisant le même inducteur.
Prenons l’exemple d’une entreprise qui produit des meubles sur mesure. L’une des activités de cette entreprise est la découpe du bois. Les coûts liés à cette activité comprennent par exemple :
- Le coût de la matière première (le bois)
- Les coûts des machines de découpe
- Les coûts de la main-d’œuvre affectée à cette activité.
Supposons que l’entreprise utilise deux types de machines pour la découpe du bois :
- Une scie circulaire
- Une scie à ruban
La répartition des charges par activité consiste à affecter les coûts liés à la scie circulaire à l’activité de découpe du bois. Pour cela, on définit une clé de répartition.
Par exemple, le nombre d’heures d’utilisation de la scie circulaire. De même, les coûts liés à la scie à ruban peuvent s’affecter à l’activité de découpe du bois selon une clé de répartition similaire.
On regroupe ensuite les charges de l’activité de découpe du bois associées à chaque inducteur de coûts (scie circulaire et scie à ruban). On peut alors obtenir un coût total pour l’activité de découpe du bois.