Quels sont les apports d’Alvin W. Gouldner en matière de régulation bureaucratique ?
Les fonctions latentes des règles
Alvin W. Gouldner repère les fonctions socio-politiques de la règle : elle facilite le contrôle à distance, elle garantit la protection de tous les supérieurs vis-à-vis de tous les subalternes l’appliquant (les subalternes sont rassurés : lorsqu’ils appliquent la règle, ils ont droit à sa protection). Tous ceux qui ne respectent pas la règle ont droit à une sanction, d’où le caractère socio-politique. Toutefois, elle favorise l’apathie et la passivité : le subalterne se sentant encadré dans son emploi, il peut se déresponsabiliser et se montrer peu impliqué pourvu qu’il applique la règle.
Les types d’organisation bureaucratique
Gouldner identifie trois types d’organisation bureaucratique :
- La mock bureaucracy (ou fausse bureaucratie)
Dans la mock bureaucracy, il existe plusieurs règles légitimes aux yeux des dirigeants. Toutefois, ceux qui n’appliquent pas les règles ne sont pas sanctionnés car les règles sont peu légitimes aux yeux des exécutants et de l’organisation. Les salariés transgressent les règles car ils savent pertinemment qu’ils ne seront pas sanctionnés. L’efficacité de ce modèle dépend de l’entente des membres car ce modèle est un modèle anarchique. Le problème vient du leader qui n’en est pas un.
- La punishment bureaucracy (ou bureaucratie punitive)
Dans la punishment bureaucracy, il y a deux catégories de personnes : ceux qui érigent et ceux qui subissent les règles. Les règles sont imposées de manière autoritaire par les dirigeants à leurs subalternes. Une fois imposée, la non-application des règles équivaut à une sanction fréquente. Les sanctions ont une incidence psychologique sur les exécutants qui ont une faible implication. Si l’autorité est présente, les salariés font semblant d’accepter (stratégie d’évitement), mais cela peut provoquer des tensions, des conflits, des dissimulations. Si l’autorité se relâche ou si l’on repère des failles, les individus peuvent transgresser les règles et se livrer à des pratiques autonomes. Toutefois, cela dépendra de la force de négociation du directeur.
- La representative bureaucracy (ou bureaucratie représentative).
Dans la representative bureaucracy (ou bureaucratie représentative), les salariés peuvent s’exprimer. Le but de cette structure est de représenter tous les individus (via des délégués, etc). Les règles sont établies sous concertation et appliquées sous concertation. On légitime le contenu des règles pour les faire accepter. Il y a de ce fait peu de transgression car on ne peut pas transgresser ce que l’on a soi-même établi. C’est la forme démocratique de l’organisation.