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EconomieLa micro-économie du consommateurLa courbe d’indifférence du consommateur : Utilité et substitution

La courbe d’indifférence du consommateur : Utilité et substitution

La théorie du choix possède une importance capitale en microéconomie. Dans ce guide, nous allons décrypter la courbe d’indifférence du consommateur : sa définition, son origine, ses caractéristiques, mais également ses limites. Dans un contexte où l’analyse des préférences du consommateur permet aux entreprises d’obtenir des données précieuses, notre guide va vous aider à y voir plus clair sur cette notion.

Définition de la courbe d’indifférence

Cette théorie de la microéconomie, complexe au premier abord, permet de représenter graphiquement la préférence des consommateurs : on observe l’ensemble des combinaisons de 2 biens procurant à un individu le même niveau de satisfaction.

Définition de la notion

Soit deux biens de consommation X et Y.

La courbe d’indifférence est le lieu géométrique des points représentants tous les paniers de deux biens lui procurant la même utilité ou satisfaction.

Les paniers de biens sont équivalents : les combinaisons lui sont indifférentes et elles ont toutes la même utilité.

Le consommateur est indifférent sur tous les points de la courbe. Il n’y a pas de rigidité entre les points de la courbe (les combinaisons ne sont pas fixes : on peut décider d’augmenter ou de réduire les quantités d’un bien). En revanche, on ne peut pas réduire les deux quantités (dans ce cas, on a une autre courbe d’indifférence correspondant à une autre fonction).

Quelques éléments de vocabulaire sur la courbe d’indifférence

Quand on évoque la courbe d’indifférence, certaines notions doivent être prises en compte :

  • La complétude : les consommateurs sont au courant de leurs préférences individuelles. Par exemple, ils savent s’ils ont une préférence pour le bien de consommation A ou B ou s’ils sont indifférents face à ce choix.
  • La transitivité : l’idée est que si un individu a une préférence pour A par rapport à B et qu’il préfère également B à C, il choisira A plutôt que C.
  • La continuité : le consommateur est libre de choisir la quantité du bien à consommer.
  • La non satiété : ce principe, également appelé monotonie, indique qu’il ne peut pas y avoir saturation de la consommation du bien.
  • La convexité : il est constaté qu’un individu préfère un panier composé de plusieurs biens qu’un seul bien.

Un exemple pour mieux comprendre la courbe d’indifférence

Prenons l’exemple d’un consommateur qui est autant satisfait par les paniers suivants :

  • 3 tomates et 2 courgettes
  • 3 courgettes et 1 poivron
  • 4 tomates et 2 poivrons

Alors dans ce cas, on considère que toutes ces alternatives sont reliées par la même courbe d’indifférence : quel que soit son choix final, l’individu sera satisfait.

Histoire de la courbe d’indifférence

Francis Edgeworth, économiste irlandais, est à l’origine du concept de courbe d’indifférence. Cependant, c’est au xxe siècle que la théorie a été développée : Vilfredo Pareto, économiste italien, a permis de mettre en valeur la notion des préférences dans la détermination du choix, plutôt que la seule utilité cardinale. Quant à Vito Volterra, mathématicien italien, il l’a analysé pour en retirer l’hypothèse suivante : lorsqu’il y a plus de 2 biens, il devient complexe de remonter la fonction d’utilité.

Les caractéristiques des courbes d’indifférence

La courbe d’indifférence répond aux caractéristiques suivantes :

  • Il existe un niveau infini des niveaux d’utilité (infinité de courbes d’utilité) qui, rassemblés, donne lieu à la carte d’indifférence.
  • U1 a une utilité supérieure à U0.
  • La pente de la courbe d’indifférence est décroissante : c’est une relation inverse (plus on augmente l’un, plus on diminue l’autre).
  • Le coefficient de la pente est négatif.
  • Les courbes sont convexes par rapport à l’origine.
  • Les courbes d’indifférence ne peuvent pas se couper.
  • Au cas où l’on a des biens « non désirés », on obtient des droites horizontales (si le bien X est non désiré) ou verticales (si le bien Y est non désiré).
  • Les courbes d’indifférence sont continues (sans interruption).

Courbe d’indifférence & taux marginal de substitution (TMS)

Comment varie la quantité du bien Y par rapport à la quantité du bien X sans que l’utilité économique soit modifiée ? Autrement dit, quelle est la quantité de bien Y que le consommateur est prêt à céder pour obtenir plus de bien X sans que son utilité soit modifiée ? La valeur du TMS (taux marginal de substitution), à ne pas confondre avec les TMS ou troubles musculosquelettiques s’obtient en rapportant la variation de quantité de Y DY que le consommateur accepte de baisser à la quantité Dx qu’il obtient en échange à utilité constante. Le TMS correspond à la pente de la courbe d’indifférence. On a alors, avec y<0 et x>0, la formule suivante pour calculer le taux marginal de substitution :

Formule du taux marginal de substitution
Formule du taux marginal de substitution

Focus sur les biens substituts et les biens compléments

Maintenant que nous avons évoqué le TMS, taux marginal de substitution, il est essentiel de bien différencier les substituts et les compléments :

  • On considère que 2 paniers de biens sont des substituts si un individu est indifférent entre une unité du bien A et une unité du bien B

Par exemple, un consommateur peut être indifférent entre un verre de jus d’orange de la marque A et de la marque B

Bon à savoir : 2 biens peuvent être des substituts, même si leur nature est très différente. Par exemple, un individu peut être aussi satisfait de déjeuner au restaurant que d’aller au cinéma.

  • On considère que 2 paniers de biens sont des compléments si un individu a besoin d’un ratio constant entre les deux quantités de deux biens pour être indifférent entre ces 2 choix.

Par exemple, un individu a pour habitude de sucrer son thé avec un seul sucre. Si on lui met à sa disposition plusieurs morceaux de sucre, alors qu’il a une seule tasse de thé, il n’utilisera que ce dont il a besoin pour sucrer sa boisson chaude. Et à l’inverse, s’il a un sucre à sa disposition et qu’on lui propose 2 thés, il boira le premier, mais refusera le second.

Cette notion de complémentarité est très importante de nos jours. En effet, les biens technologiques fonctionnent souvent sur ce modèle : un smartphone et ses applications, un ordinateur portable et son chargeur, etc.

Détermination de l’optimum du consommateur grâce à la courbe d’indifférence

La problématique repose sur la détermination de l’équilibre du consommateur : quelle quantité maximale de chaque bien le consommateur est-il en mesure d’acheter compte tenu de ses ressources monétaires limitées ?

Le consommateur atteint le point d’équilibre lorsqu’il maximise son niveau d’utilité en tenant compte du revenu R dont il dispose. Ce point d’équilibre correspond au point d’intersection de sa droite de budget avec la fonction d’utilité la plus importante.

L’épargne n’étant pas prise en compte dans les analyses néo-classiques, l’individu est censé dépenser tout son revenu. La combinaison (x ; y) doit se situer à la fois sur la droite de budget et sur la courbe d’indifférence la plus élevée qu’il peut atteindre. La solution optimale est donc le point de tangence.

Les limites de la courbe d’indifférence du consommateur

Comme toutes les théories, la courbe d’indifférence du consommateur a ses détracteurs. En effet, l’économiste américain Murray Rothbard, estimait que la représentation obtenue grâce aux courbes est un biais pour les économistes qui peuvent alors considérer pouvoir connaître les préférences des consommateurs sans qu’ils les expriment clairement. Selon lui, c’est une erreur de penser que la préférence des individus peut être mesurée : il s’agit d’une hypothèse et non pas d’un fait vérifiable.

Cependant, à l’heure actuelle, les économistes s’entendent sur le bienfondé de la courbe d’indifférence du consommateur : l’opinion de Murray Rothbard est largement minoritaire chez les professionnels de l’économie du monde entier.

Vous voulez en savoir plus sur les courbes d’indifférence ? N’hésitez pas à découvrir nos articles connexes pour mieux comprendre toutes ses implications dans le secteur de l’économie : de nos jours, connaître les préférences en matière de consommation des individus est devenu incontournable pour les entreprises qui cherchent à se positionner sur le marché pour ainsi faire du profit.

Jean-Eudes SANSON
Jean-Eudes SANSONhttps://www.droit-compta-gestion.fr/
Fondateur de Droit-Compta-Gestion.fr (alias DCG.media) et d'Entreprendre-Maintenant.fr, je suis titulaire du DSCG (Diplôme Supérieur de Comptabilité & de Gestion) et d'une certification de Développeur en Intelligence Artificielle (IA). Parallèlement à mon engagement professionnel, j'ai fondé DCG.media pendant mes études. Ce site internet est né de ma conviction que la meilleure manière d'apprendre est d'enseigner, ainsi que de ma passion pour le numérique et l'éducation. Je suis aussi formateur et interviens en tant qu'expert indépendant dans différents organismes où je peux fusionner mon expertise acquise au sein des entreprises que j'ai pu fréquenter avec mes compétences en analyse de données et en gestion d'entreprise.