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La crise pétrolière de 1973

La crise pétrolière de 1973 a marqué un tournant majeur dans l’histoire économique mondiale. Cette période tumultueuse a été caractérisée par des tensions géopolitiques, des conflits au Moyen-Orient et des décisions stratégiques qui ont conduit à une augmentation significative des prix du pétrole. Elle se distingue de la crise de 1929 par son origine géopolitique, mais aussi par ses conséquences. La crise pétrolière de 1973 aboutit en effet à une crise financière et monétaire et achève la remise en cause du système fordiste et de l’Organisation Scientifique du Travail (OST). Elle acte la fin des Trente Glorieuses selon l’expression de Jean Fourastié.

Les causes de la crise pétrolière de 1973

La création de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) et la maîtrise des prix du pétrole

L’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP), fondée en 1961, est un acteur clé dans la crise pétrolière de 1973. Composée initialement de cinq pays (l’Arabie saoudite, l’Irak, l’Iran, le Koweït et le Venezuela), l’OPEP a été créée pour protéger les intérêts des pays producteurs de pétrole face aux « 7 sœurs », les grandes compagnies pétrolières occidentales. L’OPEP a rapidement pris le contrôle des prix et des quantités de pétrole exporté, ce qui a suscité des tensions avec les compagnies occidentales.

Les 7 sœurs étaient les compagnies pétrolières suivantes :

  1. Anglo-Iranian Oil Company (aujourd’hui British Petroleum, alias BP)
  2. Gulf Oil (qui fera plus tard partie de Chevron)
  3. Royal Dutch Shell, plus connue sous le nom de Shell
  4. Standard Oil Company of California (SoCal, maintenant Chevron).
  5. Standard Oil Company of New Jersey (Esso, plus tard Exxon, fait maintenant partie d’ExxonMobil)
  6. Standard Oil Company of New York (Socony, plus tard Mobil, fait désormais également partie d’ExxonMobil)
  7. Texaco (fusionné plus tard avec Chevron)

Les tensions géopolitiques au Moyen-Orient

Le Moyen-Orient est une région riche en ressources pétrolières. Les conflits politiques dans la région ont joué un rôle déterminant dans la crise de 1973. La guerre des Six Jours en 1967, où Israël a tenté d’obtenir le Nord de la Palestine, a conduit à la création de l’Organisation des Pays Arabes Exportateurs de Pétrole (OPAEP) en soutien aux Palestiniens. Ces tensions ont exacerbé les relations déjà tendues entre d’un côté les pays producteurs de pétrole et de l’autre les pays occidentaux.

Le soutien occidental à Israël et l’émergence de l’O.P.A.E.P

En 1973, un nouveau conflit israélo-palestinien éclate, connu sous le nom de Guerre du Kippour. L’ONU a appelé Israël à évacuer les territoires palestiniens, mais cette demande reste sans réponse. En représailles, la Communauté Arabe, regroupée au sein de l’OPAEP (Organisation des Pays Arabes Exportateurs de Pétrole), a décidé de quadrupler les prix du pétrole d’une part et a d’autre part imposé un embargo sur les pays occidentaux soutenant Israël. Cette décision a eu un impact économique majeur dans le monde entier.

Les conséquences économiques de la crise pétrolière

L’impact sur les pays occidentaux dépendants du pétrole

L’inflation par les coûts et les déficits commerciaux

L’augmentation des prix du pétrole a entraîné une inflation importante à la suite de l’augmentation des coûts de production. Les pays occidentaux, fortement dépendants du pétrole importé, ont alors connu des déficits commerciaux croissants. En effet, le coût de leurs importations pétrolières a augmenté de manière significative. Cela a eu un impact négatif sur la stabilité économique et la balance commerciale de ces pays.

La récession dans les secteurs dépendants du pétrole

Les secteurs économiques étroitement liés au pétrole, tels que l’automobile, le bâtiment, les textiles ou bien encore l’emballage, ont été durement touchés par la crise. La hausse des prix du pétrole a entraîné une baisse de la demande et une contraction de ces secteurs, entraînant par conséquent une période de récession économique et des pertes d’emplois significatives.

La diminution du pouvoir d’achat des ménages

Les prix plus élevés de l’énergie et des produits dérivés du pétrole ont eu un impact direct sur le pouvoir d’achat des ménages. Les dépenses énergétiques plus élevées ont réduit la capacité des consommateurs à dépenser dans d’autres secteurs de l’économie, ce qui a alors contribué à une baisse de la demande globale et à une stagnation économique.

Les répercussions mondiales

La réduction de l’offre et le phénomène du chômage de masse

Face à l’augmentation des prix du pétrole, de nombreuses entreprises ont réduit leur offre et ont dû licencier du personnel pour faire face à la hausse des coûts. Le chômage a augmenté dans de nombreux pays, ce qui a eu un impact social et économique significatif.

La fragilité des économies énergivores

La crise pétrolière de 1973 a révélé la vulnérabilité des pays fortement dépendants du pétrole. Les économies énergivores ont été confrontées à une instabilité économique. Cette instabilité a mis en évidence la nécessité de diversifier les sources d’énergie, mais aussi de réduire la dépendance aux combustibles fossiles.

Le deuxième choc pétrolier et ses conséquences supplémentaires

La révolution islamiste en Iran et la montée des prix du pétrole

En 1979, l’Iran connait une révolution islamiste qui renverse le shah d’Iran. Elle conduit à l’arrivée de l’ayatollah Khomeiny au pouvoir. La peur de l’instabilité politique et l’incertitude quant à la politique pétrolière de l’Iran ont entraîné une augmentation supplémentaire des prix du pétrole sur le marché mondial.

Le conflit entre l’Irak et l’Iran et ses répercussions prolongées

À partir de 1980, l’Irak et l’Iran ont été plongés dans une guerre qui a duré huit ans. Ce conflit a entraîné une baisse de la production pétrolière dans la région. Il a aussi  maintenu les prix à un niveau élevé. De nombreux pays occidentaux se sont rangés du côté de l’Irak, ce qui a encore compliqué la situation.